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leur donna pour exil la ville d’Athènes. Dans cette retraite, et malgré leur état, Nicéphore et ses frères, encore tourmentés de la soif du pouvoir, se laissèrent séduire par un chef esclavon, qui promit de les remettre en liberté et de les conduire en armes et revêtus de la pourpre aux portes de Constantinople ; mais le peuple d’Athènes, toujours zélé en faveur d’Irène, prévint sa justice ou sa cruauté, et ensevelit enfin dans l’éternel silence jusqu’au souvenir des cinq fils de Copronyme.

Constantin VI et Irène. A. D. 708. 8 Sept.

Cet empereur avait choisi pour lui une Barbare, fille du khan des Chozares ; mais lorsqu’il s’était agi de marier son héritier, il avait préféré une orpheline athénienne, âgée de dix-sept ans, qui paraît n’avoir eu d’autre fortune que sa beauté. Les noces de Léon et d’Irène se célébrèrent avec une pompe royale : elle gagna bientôt l’amour et la confiance d’un faible époux ; il la déclara dans son testament impératrice, et remit sous sa garde le monde romain et leur fils Constantin VI, alors âgé seulement de dix ans. Durant la minorité du jeune prince, Irène, dans son administration publique, se montra, avec autant de talens que d’assiduité, exactement fidèle à ses devoirs de mère ; et le zèle pour le rétablissement des images lui a mérité le rang et les honneurs d’une sainte, qu’elle occupe encore dans le calendrier des Grecs ; mais l’empereur, lorsqu’il fut sorti de l’adolescence, trouva le joug maternel trop pénible ; il écouta de jeunes favoris qui, du même âge que lui, et partageant ses plaisirs, auraient voulu partager son pou-