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sous le glaive des assassins, ou bien eût été livré au pouvoir de ses ennemis. Après avoir étranglé de sa main les deux émissaires du khan, il renvoya Théodora à son frère, et s’embarqua sur l’Euxin pour chercher des alliés plus fidèles. Une tempête assaillit le vaisseau qu’il montait, et l’un des hommes de sa suite lui conseilla d’obtenir la miséricorde du ciel, en faisant le vœu d’un pardon général si jamais il remontait sur le trône. « Pardonner ! s’écria l’intrépide tyran, plutôt mourir à l’instant même ! que le Tout-Puissant m’engloutisse dans les vagues de la mer si je consens à épargner la tête d’un seul de mes ennemis ! » Il survécut à cette menace impie ; il arriva à l’embouchure du Danube, osa se hasarder dans le village habité par le roi des Bulgares, Terbelis, prince guerrier et païen, dont il obtint des secours en lui promettant sa fille et le partage des trésors de l’empire. Le royaume des Bulgares se prolongeait jusqu’aux frontières de la Thrace, et les deux princes se portèrent sous les murs de Constantinople avec quinze mille cavaliers. Apsimar fut déconcerté par cette brusque apparition de son rival, dont la tête lui avait été promise par le Chozare, et dont il ignorait l’évasion. Dix années d’absence avaient presque effacé le souvenir des crimes de Justinien ; sa naissance et ses malheurs excitaient la pitié de la multitude, toujours indisposée contre les princes qui la gouvernent, et les soins actifs de ses partisans l’introduisirent dans la ville et le palais de Constantin.

Son rétablissement sur le trône, et sa mort. A. D. 705-711.

Justinien, en récompensant ses alliés, en rappelant