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règne de son père, le jeune prince ajouta : « La Providence divine et votre équitable décret ont précipité du trône Martina et son incestueuse progéniture. Votre majesté et votre sagesse ont empêché l’Empire romain de dégénérer en une tyrannie qui ne connaît plus de lois ; mes exhortations et mes prières vous demandent de consacrer au bien public vos conseils et votre prudence. » Ces paroles respectueuses, jointes à de grandes largesses, satisfirent les sénateurs ; mais les serviles Grecs étaient indignes d’une liberté dont ils faisaient peu de cas, et les préjugés du temps, l’habitude du despotisme, effacèrent bientôt dans l’esprit du nouvel empereur une leçon dont on ne l’avait occupé que quelques instans. Il n’en conserva qu’une crainte inquiète de voir quelque jour le sénat ou le peuple entreprendre sur le droit de primogéniture, et placer son frère Théodose sur le trône, en le revêtant d’un pouvoir égal au sien. Le petit-fils d’Héraclius, promu aux ordres sacrés, devint ainsi inhabile à la pourpre ; mais cette cérémonie, qui semblait profaner les sacremens de l’Église, ne suffit pas pour apaiser les soupçons du tyran, et la mort du diacre Théodose put seule expier le crime de son extraction royale. Sa mort fut vengée par les imprécations du peuple ; et le meurtrier, alors dans toute la plénitude de sa puissance, fut forcé de se condamner de lui-même à un exil perpétuel. Constans s’embarqua pour la Grèce, et comme s’il avait voulu rendre à sa patrie les sentimens d’horreur qu’il méritait d’elle, on dit que de sa galère impériale il cra-