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corruption sont presque incommensurables. On put croire que le plus sublime et le plus vertueux des esprits avait été choisi pour animer l’être né de Marie et du Saint-Esprit[1] ; que son humiliation était le résultat de son choix, et que l’objet de sa mission était d’expier non pas ses péchés, mais ceux du monde. À son retour au ciel, d’où il sortait, Jésus-Christ reçut le prix infini de son obéissance, ce royaume à jamais durable du messie, que les prophètes avaient prédit obscurément sous les images charnelles d’une paix, d’une conquête et d’une domination terrestre. Dieu pouvait proportionner les facultés humaines du Christ à l’étendue de ses célestes fonctions. Dans la langue de l’antiquité, le titre de Dieu n’était pas réservé exclusivement à celui dont émanent toutes choses, et son incomparable ministre, son fils unique, pouvait sans présomption demander au monde, son empire, un culte religieux bien que secondaire.

    mitive d’Adam, qui renfermait le germe spirituel et corporel de sa postérité ; 4o. qu’au moment de la conception Dieu crée l’âme de chaque individu, et la destine au corps qui vient de s’ébaucher. Cette dernière opinion semble avoir prévalu parmi les modernes ; et notre histoire spirituelle est devenue moins sublime, sans être plus intelligible.

  1. Οτι η το‌υ Σωτηρος ψυκη, η το‌υ Αδαμ ην est une des quinze hérésies imputées à Origène, et contestées par son apologiste (Photius, Bibliot., Cod. 117, p. 296). Quelques rabbins donnent une seule et même âme aux personnes d’Adam, de David et du Messie.