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nas. [A. D. 641, 11 fév.] Héraclius ne survécut que deux ans à cette association : son testament déclara ses deux fils héritiers de l’empire d’Orient avec un pouvoir égal ; et il leur ordonna d’honorer Martina comme leur mère et leur souveraine.

Constantin III. A. D. 641. Février.

Lorsque Martina se montra pour la première fois sur le trône, avec le titre et les attributs de la royauté, elle rencontra une opposition ferme, quoique respectueuse, et des préjugés superstitieux ranimèrent les dernières étincelles de la liberté. « Nous respectons la mère de nos princes, s’écria un citoyen, mais ces princes sont les seuls à qui nous devions de l’obéissance, et Constantin, l’aîné de nos deux empereurs, est en âge de soutenir le poids de la couronne. La nature a exclu votre sexe des travaux du gouvernement. Si les Barbares approchaient de la ville royale, soit en ennemis, soit avec de pacifiques intentions, pourriez-vous les combattre, sauriez-vous leur répondre ? Les Persans, esclaves eux-mêmes, ne pourraient supporter le gouvernement d’une femme. Que le ciel préserve à jamais la république romaine d’un événement qui déshonorerait la nation ! » Martina descendit du trône avec indignation, et se réfugia dans la partie du palais habitée par les femmes. Le règne de Constantin III ne fut que de cent trois jours : il mourut à l’âge de trente ans : sa vie entière avait été une longue maladie ; on attribua cependant sa mort prématurée à sa belle-mère, et on crut qu’elle avait employé le poison. Elle recueillit en effet les fruits de cette