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d’Eudoxie, sa première femme, il désobéit au patriarche ; il viola les lois en épousant sa nièce Martina ; et la superstition des Grecs vit un jugement du ciel dans les maladies du père et la difformité de ses enfans ; mais le bruit d’une naissance illégitime pouvant écarter le choix ou affaiblir l’obéissance du peuple, la tendresse maternelle, et peut-être la jalousie d’une belle-mère, donnèrent plus d’activité à l’ambition de Martina, et son mari, déjà avancé en âge, était trop faible pour résister aux séductions et aux caresses d’une épouse. Constantin, son fils aîné, obtint dans un âge mûr le titre d’Auguste ; mais la faiblesse de sa constitution exigeait un collègue et un surveillant, et il consentit, avec une secrète répugnance, au partage de l’empire. [A. D. 638. Juillet 4.]Le sénat fut rassemblé au palais pour ratifier ou attester l’association d’Héracléonas, fils de Martina : l’imposition du diadème fut consacrée par les prières et la bénédiction du patriarche : les sénateurs et les patriciens adorèrent la majesté de l’empereur et celle de ses collègues, et dès qu’on ouvrit les portes, la voix tumultueuse mais importante des soldats salua les trois princes. [A. D. 639. Janvier.] Après un intervalle de cinq mois, les pompeuses cérémonies qui semblaient seules former la constitution de l’état, eurent lieu dans la cathédrale et l’Hippodrome : afin de montrer la bonne intelligence des deux frères, le plus jeune se présenta appuyé sur le bras de l’aîné, et les acclamations d’un peuple vendu, ou séduit par la crainte, joignirent le nom de Martina à ceux de Constans et d’Héracléo-