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nait familièrement avec ses compagnons ; il se montrait leur ami, et dans toutes les actions de la vie raisonnable ou de la vie animale, il paraissait de la même espèce qu’eux. Ainsi que les autres hommes, il passa de l’enfance à la jeunesse et à la virilité, par un accroissement graduel de stature et de sagesse ; et il expira sur la croix après une pénible agonie de l’esprit et du corps. Il vécut et mourut pour servir les hommes ; mais Socrate avait aussi consacré sa vie et sa mort à la cause de la religion et de la justice ; et, bien que le stoïcien ou le héros puisse dédaigner les humbles vertus de Jésus, les larmes qu’il a versées sur son pays et sur le disciple qu’il aimait sont la preuve la plus pure comme la plus incontestable de son humanité. Les miracles de l’Évangile ne devaient pas étonner un peuple qui croyait avec intrépidité les prodiges encore plus éclatans de la loi de Moïse. Avant lui, des prophètes avaient guéri des malades, ressuscité des morts, arrêté le soleil, étaient montés au ciel sur des chars de feu, et le style métaphorique des Hébreux pouvait donner à un saint et à un martyr le titre adoptif de fils de Dieu.

Sa naissance et ses succès.

Toutefois dans le symbole des nazaréens et des ébionites, on n’aperçoit que de faibles traces d’une distinction entre les hérétiques, qui disaient que le Christ avait été engendré selon l’ordre commun de la nature, et les schismatiques moins coupables, qui admettaient la virginité de sa mère, et excluaient l’intervention d’un père terrestre. L’incrédulité des