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et moins intéressante que celle des nestoriens. Sous les règnes de Zénon et d’Anastase, leurs chefs surprirent l’oreille du prince, usurpèrent le trône ecclésiastique de l’Orient, écrasèrent l’école de Syrie sur sa terre natale. Sévère, patriarche d’Antioche, fixa avec la subtilité la plus raffinée, les dogmes des monophysites ; il condamna dans le style de l’Hénoticon les hérésies opposées de Nestorius et d’Eutychès ; il soutint contre le dernier la réalité du corps du Christ, et força les Grecs de le regarder comme un menteur qui disait la vérité[1]. Mais le rapprochement des idées ne pouvait diminuer la violence de la passion ; chaque parti montrait la plus grande surprise de l’aveuglement qui portait le parti contraire à disputer sur des différences si peu importantes ; le tyran de la Syrie employa la force au soutien de sa croyance, et son règne fut souillé par le sang de trois cent cinquante moines, qu’on égorgea sous les murs d’Apamée, et qui vraisemblablement avaient

  1. Οιον ειπειν ψευδαληθης, c’est l’expression de Théodore dans son Traité de l’Incarnation, p. 245, 247, telle qu’elle est citée par La Croze (Hist. du Christianisme d’Éthiopie et d’Arménie, p. 35), qui s’écrie peut-être avec trop peu de réflexion : « Quel pitoyable raisonnement ! » Renaudot (Hist. patriarch. Alexand., p. 127-138) dit un mot des opinions qu’exprime Sévère dans les controverses de l’Orient ; et on peut voir sa véritable profession de foi dans l’Épitre que Jean le jacobite, patriarche d’Antioche, écrivit au dixième siècle, à Mennas d’Alexandrie, son frère. (Assem., Bibl. orient., t. II, p. 132-141.)