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vième siècle, les ambassadeurs d’Alfred rendirent une pieuse visite à son tombeau, situé peut-être aux environs de Madras, et la cargaison de perles et d’épiceries qu’ils rapportèrent, paya le zèle du monarque anglais, qui avait conçu les plus vastes projets, tant de commerce que de découvertes[1]. Lorsque les Portugais ouvrirent la route de l’Inde, les chrétiens de saint Thomas étaient établis depuis des siècles sur la côte de Malabar ; et la différence de caractère ainsi que de couleur qui les distinguait des habitans du pays, attestait le mélange d’une race

    était cependant célèbre, même dès le temps de saint Jérôme (ad Marcellam, epist. 148). Marc-Paul apprit sur les lieux que saint Thomas avait souffert le martyre dans la ville de Maabar ou de Meliapour, qui n’était éloignée que d’une lieue de Madras (d’Anville, Éclaircissemens sur l’Inde, p. 125), où les Portugais établirent un évêché sous le nom de Saint-Thomé, et où le saint a fait chaque année un miracle, jusqu’à l’époque où il a été interrompu par le profane voisinage des Anglais. (La Croze, t. II, p. 7-16.)

  1. Ni l’auteur de la Chronique saxonne (A. D. 883), ni Guillaume de Malmesbury (De gestis regum Angliæ, l. II, c. 4, p. 44), n’étaient en état d’inventer au douzième siècle ce fait extraordinaire. Ils ne surent pas même expliquer les motifs et la conduite d’Alfred, et ce qu’ils en disent en passant ne sert qu’à exciter notre curiosité. Guillaume de Malmesbury sent la difficulté de l’entreprise, quod quivis in hoc sæculo miretur ; et je suis tenté de croire que les ambassadeurs anglais prirent en Égypte leur cargaison et leur légende. Alfred, qui, dans son Orose (voyez Barrington, Miscellanies), parle d’un voyage dans la Scandinavie, ne fait pas mention d’un voyage dans l’Inde.