Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Nacoragan fut précédée ou suivie du massacre de dix mille de ses plus braves soldats. Échappé à son vainqueur, il tomba dans les mains d’un maître inexorable, qui punit sévèrement l’erreur de son choix : l’infortuné général fut écorché vif ; et sa peau rembourrée fut exposée sur une montagne ; avertissement terrible pour ceux à qui on confierait par la suite la gloire et la fortune de la Perse[1]. Toutefois le prudent Chosroès abandonna peu à peu la guerre de Colchos, persuadé avec raison qu’il ne pouvait réduire ou du moins garder un pays éloigné, contre les vœux et les efforts de ses habitans. La fidélité de Gubazes eut à soutenir les plus rudes épreuves. Il souffrit patiemment toutes les rigueurs de la vie sauvage, et rejeta avec dédain les offres spécieuses de la cour de Perse. Le roi des Laziques avait été élevé dans la religion chrétienne ; sa mère était la fille d’un sénateur : durant sa jeunesse il avait rempli dix ans les fonctions de silentiaire du palais de Byzance[2] ; on lui redevait une partie de son

  1. Le supplice de l’écorchement n’a pu être introduit en Perse par Sapor. (Brisson, De regn. Persic., l. II, p. 578.) On n’a pu l’adopter d’après le conte ridicule de Marsyas, le joueur de flûte Phrygien, plus ridiculement cité comme exemple par Agathias (l. IV, p. 132, 133).
  2. Il y avait dans le palais de Constantinople trente silentiaires, qu’on nommait hastati ante fores cubiculi, της σιγης επισ‌ταται, titre honorable, qui donnait le rang de sénateur sans en imposer les devoirs. (Cod. Theod., l. VI, tit. 23 ; Godefroy, Comment., t. II, p. 129.)