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Cyrus, et le courant du Phase les portait dans l’Euxin et la Méditerranée. Comme le Phase reçoit successivement les eaux de la plaine de Colchos, sa vitesse diminue en même temps qu’il augmente de force ; il a soixante brasses de profondeur à son embouchure, et sa largeur est d’une demi-lieue ; mais une petite île couverte de bois se trouve au milieu du canal : son eau, après avoir déposé un sédiment terreux ou métallique, flotte sur la surface des vagues de la mer, et n’est plus susceptible de corruption. Dans un cours de cent milles, dont quarante sont navigables pour les plus gros navires, il partage la célèbre Colchide[1] ou la Mingrélie[2], défendue de trois côtés par les montagnes de l’Ibérie et de l’Arménie, et dont la côte maritime se prolonge à deux cents

  1. Outre ce que disent en passant sur ce pays, selon l’occasion, les poètes, les historiens, etc., de l’antiquité, on peut consulter les descriptions de la Colchide par Strabon (l. XI, p. 760-765), et par Pline (Hist. nat., VI, 5, 19, etc.)
  2. J’ai suivi trois descriptions modernes de la Mingrélie et des pays adjacens : 1o. une du père Arch. Lamberti (Relations de Thevenot, part. I, p. 31-52, avec une Carte) ; il a les lumières et les préjugés d’un Missionnaire ; 2o. une seconde de Chardin (Voyages en Perse, t. I, p. 54, 68-168) ; ses observations sont judicieuses, et ses aventures dans ce pays sont encore plus instructives que ses observations ; 3o. une troisième de Peyssonnel (Observations sur les Peuples barbares, p. 49, 50, 51, 58, 62, 64, 65, 71, etc. ; et un traité plus récent sur le Commerce de la mer Noire, tom. II, p. 1-53) ; il avait résidé long-temps à Caffa en qualité de consul de France ; et son érudition a moins de prix que ses observations personnelles.