Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/481

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dème et de la pourpre, pompes et vanités de ce monde ; mais son clergé décida que la persécution des Juifs était beaucoup moins difficile à concilier avec les préceptes de l’Évangile. Il remonta sur son trône pour y recevoir les félicitations des ambassadeurs de la France et de l’Inde ; et dans l’opinion publique, le mérite supérieur et la gloire du grand Héraclius éclipsèrent la réputation de Moïse, d’Alexandre et d’Hercule[1] : mais le libérateur de l’Orient était faible et pauvre ; la portion la plus précieuse des dépouilles de la Perse avait été consommée dans la guerre, distribuée aux soldats, ou ensevelie par la tempête dans les vagues de l’Euxin. L’empereur, dominé par ses scrupules, se sentait tourmenté du désir de rendre à l’Église les richesses qu’il en avait empruntées pour la défendre, ainsi que le reste de ses états ; un fonds perpétuel était nécessaire pour acquitter cette dette que les prêtres redemandaient vivement. Les provinces déjà dévastées par les armes et la cupidité des Persans se virent réduites à payer une seconde fois les mêmes impôts, et les arrérages que devait un simple citoyen, le trésorier de Damas, furent convertis en une amende de cent mille pièces d’or. Durant ces hostilités si longues et

  1. George de Pisidie, Acroas. III, de Expedit. contra Persas, 415, etc. ; et Heracleid. Acroas. I, 65-138. Je néglige les autres parallèles moins imposans, tels que ceux de Daniel, Timothée, etc. Chosroès et le chagan furent, comme de raison, comparés, par les mêmes rhéteurs, à Belshazzar, à Pharaon, au vieux serpent, etc.