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éléphans ; les troupes des provinces éloignées arrivèrent successivement ; et pour soutenir le trône par un dernier effort, on enrôla les plus vils domestiques du roi et des satrapes. Chosroès pouvait toujours obtenir une paix raisonnable ; les députés d’Héraclius le pressèrent à diverses reprises d’épargner le sang de ses sujets, et de dispenser un conquérant humain du pénible devoir de porter le fer et la flamme dans les plus belles contrées de l’Asie ; mais son orgueil n’était pas encore descendu au niveau de sa fortune : la retraite de l’empereur lui rendit un moment de confiance ; il versa des pleurs de rage sur les ruines de ses palais d’Assyrie, et dédaigna trop long-temps les murmures de ses sujets, indignés de ce qu’on sacrifiait leur vie et leur fortune à l’obstination d’un vieillard. Les douleurs les plus vives d’esprit et de corps tourmentaient ce vieillard malheureux ; voyant approcher sa fin, il résolut de placer la tiare sur la tête de Merdaza, celui de ses fils qu’il chérissait davantage ; mais on ne respectait plus les volontés de Chosroès, et Siroès, qui s’enorgueillissait du rang et du mérite de Sira sa mère, avait conspiré avec les mécontens pour faire valoir et anticiper les droits de la primogéniture[1]. Vingt-deux satrapes, qui se donnaient le nom de patriotes, furent séduits par la fortune et les honneurs d’un nouveau règne. Siroès promit aux soldats une augmentation de solde, aux

  1. Le récit authentique de la chute de Chosroès en qualité de roi, se trouve dans la lettre d’Héraclius (Chroniq. Paschal, p. 398), et dans l’Histoire de Théophane, p. 271.