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de Chalcédoine ; mais la méfiance de Chosroès ou les artifices de l’empereur indisposèrent bientôt ce puissant satrape contre son roi et contre son pays. On arrêta un messager chargé d’un ordre, soit réel, soit supposé, qui enjoignait au cadarigan, ou commandant en second, d’envoyer sans délai au pied du trône la tête d’un général ou malheureux ou coupable. Les dépêches furent portées à Sarbar lui-même ; et après y avoir lu son arrêt de mort, il y inséra adroitement les noms de quatre cents officiers. Il assembla ensuite un conseil de guerre, et demanda au cadarigan s’il se disposait à exécuter les ordres du tyran. Les Persans déclarèrent d’une voix unanime que Chosroès était déchu de la couronne : ils signèrent un traité particulier avec la cour de Constantinople ; et si l’honneur ou la politique empêcha Sarbar de joindre le drapeau d’Héraclius, l’empereur du moins eut la certitude de pouvoir suivre sans obstacles ses plans de victoire et de paix.

Sa troisième expédition. A. D. 627.

Privé de son plus ferme appui, doutant de la fidélité de ses sujets, Chosroès se montrait encore puissant dans sa ruine. Ce n’est cependant que comme une métaphore orientale qu’il faut prendre ce que disent les auteurs contemporains des cinq cent mille hommes, chevaux et éléphans qui couvraient la Médie et l’Assyrie pour contenir Héraclius. Au reste, les Romains s’avancèrent hardiment de l’Araxe sur les bords du Tigre ; et la timide prudence de Rhazates se contenta de les suivre par des marches forcées à travers une contrée désolée, jusqu’au moment où