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lois de l’humanité, qui, au défaut de la loi des nations, auraient dû les protéger[1].

Alliances et conquêtes d’Héraclius.

Héraclius, après la division de son armée, se retira sagement sur les bords du Phase ; il y soutint une guerre défensive contre les cinquante mille lances d’or de la Perse. Les nouvelles de Constantinople dissipèrent ses inquiétudes ; une victoire de Théodore, son frère, confirma ses espérances, et à la ligue de Chosroès et des Avares, il put opposer l’utile et honorable alliance des Turcs. La libéralité de ses offres détermina la horde des Chozares[2] à transporter ses tentes des plaines du Volga aux montagnes de la Géorgie ; il les reçut aux environs de Téflis. Si nous en croyons les Grecs, le khan Ziébel et ses nobles descendirent de cheval et se prosternèrent pour adorer la pourpre du César. Un pareil hommage et des secours si importans méritaient une extrême reconnaissance ; l’empereur ôtant son diadème, le plaça sur la tête du prince turc, qu’il embrassa et salua du nom de fils. Après un banquet somptueux, il donna à Ziébel la vaisselle, les orne-

  1. La Chronique de Paschal (p. 392-397) fait un récit détaillé et authentique du siége et de la délivrance de Constantinople. Théophane (p. 264) y ajoute quelques faits ; et on peut tirer quelques lueurs de la fumée de George de Pisidie, qui a composé un poëme (De bell. Abar., p. 45-54) pour célébrer cet heureux événement.
  2. La puissance des Chozares domina aux septième, huitième et neuvième siècles. Ils furent connus des Grecs, des Arabes, et sous le nom de Kosa, des Chinois eux-mêmes. (De Guignes, Hist. des Huns, t. II, p. 11, p. 507-509.)