Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avant de lui envoyer son arrêt ; mais le peuple, et surtout celui de l’Orient, est disposé à pardonner et même à applaudir à la cruauté des princes qui frappent les têtes élevées, ces esclaves ambitieux que leur choix volontaire a dévoués à vivre des sourires et à mourir du coup d’œil irrité d’un monarque capricieux. Nushirwan ou Chosroès mérita le surnom de Juste par la manière dont il exécuta les lois qu’il n’eut pas la tentation de violer, et dont il punit les crimes qui attaquaient sa dignité en même temps que le bonheur des individus. Son gouvernement fut ferme, sévère et impartial. Un des premiers soins de son règne, fut de dissiper les dangereuses maximes de la communauté ou de l’égalité des biens ; il restitua les terres et les femmes que les sectaires de Mazdak avaient usurpées ; et les peines modérées qu’il infligea aux fanatiques ou aux imposteurs confirmèrent les droits domestiques de la société. Au lieu de donner toute sa confiance à un ministre favori, il établit quatre visirs dans les quatre grandes provinces de son empire, l’Assyrie, la Médie, la Perse et la Bactriane. Lorsqu’il avait à choisir des préfets, des juges et des conseillers, il s’efforçait de faire tomber le masque qu’on porte toujours devant les rois ; il désirait substituer les droits du talent aux distinctions accidentelles de la naissance et de la fortune. Il déclara, en termes propres à produire de l’effet, son intention de préférer les hommes qui portaient les pauvres dans leur sein, et de bannir la corruption des tribunaux, comme on excluait les chiens du temple