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Pont ; et depuis l’embouchure du Phase jusqu’à la mer Caspienne, il excita ses sujets et ses alliés à marcher avec le successeur de Constantin, sous la fidèle et triomphante bannière de la croix. Lorsque les légions de Lucullus et de Pompée passèrent l’Euphrate pour la première fois, elles rougirent de leurs faciles victoires sur les naturels de l’Arménie ; mais une longue habitude de la guerre avait fortifié les esprits et les corps de ces peuples efféminés ; ils prouvèrent leur zèle et leur bravoure pour la défense d’un empire penchant vers sa chute ; ils abhorraient et craignaient les usurpations de la maison de Sassan, et le souvenir de la persécution aigrissait leur pieuse haine contre les ennemis de Jésus-Christ. L’Arménie, telle qu’on l’avait cédée à l’empereur Maurice, se prolongeait jusqu’à l’Araxe : cette rivière subit l’outrage d’un pont[1] ; et Héraclius, marchant sur les traces de Marc-Antoine, s’avança vers la ville de Tauris ou de Gandzaca[2], capitale

  1. Et pontem indignatus Araxes.

        Virgile, Enéide, VIII, 728.

    L’Araxe est bruyant, impétueux et rapide, et on ne peut lui résister à la fonte des neiges. Il renverse les ponts les plus forts et les plus lourds ; les ruines d’un grand nombre d’arches qu’on voit près de l’ancienne ville de Zulfa, attestent son indignation. (Voyages de Chardin, t. I, p. 252.)

  2. Chardin (t. I, p. 255-259) attribue avec les Orientaux (d’Herbelot, Bibl. orient., p. 834) la fondation de Tauris ou Tebris, à Zobéide, femme du célèbre calife Haroun-Alrashid ; mais il paraît qu’elle est plus ancienne, et les