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en désordre ; mais les Grecs étaient toujours maîtres de la mer ; des galères, des vaisseaux de transport et des barques d’approvisionnement se trouvaient rassemblés dans le port : les Barbares de l’armée d’Héraclius consentirent à s’embarquer, un bon vent les porta au-delà de l’Hellespont. Laissant à leur gauche la côte occidentale et méridionale de l’Asie Mineure, Héraclius montra son courage au milieu d’une tempête, où ceux qui l’accompagnaient, même les eunuques de sa suite, furent encouragés par son exemple à la patience et au travail. Il débarqua ses troupes sur les frontières de la Syrie et de la Cilicie, dans le golfe de Scanderoon, où la côte tourne brusquement au sud[1], et le choix qu’il fit de ce poste important fut une nouvelle preuve de son discernement[2].

  1. George de Pisidie (Acroas. II, 10, p. 8) a fixé ce point important des portes de la Syrie et de la Cilicie. Xénophon, qui les avait passées dix siècles auparavant, les décrit avec son élégance ordinaire. Un défilé de trois stades de largeur entre des rochers élevés et à pic (πετραι ηλιβαται) et la Méditerranée, se trouvait fermé à chacune de ses extrémités par deux grosses portes imprenables du côté de la terre (παρελθειν ο‌υκ ην βια), mais accessibles du côté de la mer. (Retr. des dix mille, l. I, p. 35, 36, avec la Dissertation géogr. de Hudson, p. 6.) Les deux portes étaient à trente-cinq parasanges ou lieues de Tarse (Ibid., l. I, p. 33, 34), et à huit ou dix d’Antioche. (Comparez l’Itinéraire de Wesseling, p. 580, 581 ; l’Index géographique de Schultens, ad calcem vit. Saladen., p. 9 ; Voyage en Turquie et en Perse, par Otter, t. I, p. 78, 79.)
  2. Héraclius pouvait écrire à son ami les modestes pa-