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de Rome ne renoncera pas à son Dieu crucifié, et qu’il n’embrassera pas le culte du Soleil, je ne lui accorderai jamais la paix. » Sain fut écorché vif, selon la barbare coutume de son pays ; et Chosroès, au mépris de la loi des nations et de la foi engagée par une stipulation formelle, fit plonger les ambassadeurs dans une étroite prison où on les tint séparés les uns des autres. Cependant six années d’expérience lui apprirent à la fin qu’il ne devait plus songer à la conquête de Constantinople : il demanda pour tribut annuel, ou pour la rançon de l’Empire romain, mille talens d’or, mille talens d’argent, mille robes de soie, mille chevaux et mille vierges. Héraclius souscrivit à ces ignominieuses conditions : mais l’espace de temps qu’il avait obtenu pour rassembler ces trésors fut habilement employé à se préparer à une attaque hardie, dernière ressource du désespoir.

Ses préparatifs de guerre. A. D. 621.

Parmi tous les princes qui jouent un rôle dans l’histoire, le caractère d’Héraclius est un des plus singuliers et un des plus difficiles à concevoir dans son ensemble. Durant les premières et les dernières années d’un long règne, on le voit esclave indolent du plaisir ou de la superstition, se montrer le tranquille spectateur des calamités publiques ; mais entre ces brouillards du matin et du soir, le soleil parut au méridien dans tout son éclat. L’Arcadius du palais devint le César des camps, et les exploits et les trophées de six campagnes périlleuses rétablirent l’honneur de Rome et celui d’Héraclius. Les historiens de Byzance auraient dû nous révéler les causes de sa lé-