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Ces implacables ennemis insultaient et resserraient Héraclius de toutes parts. L’Empire romain se trouvait réduit aux murs de Constantinople, à quelques cantons de la Grèce, de l’Italie et de l’Afrique, et au petit nombre des villes maritimes de la côte d’Asie qu’on trouvait de Tyr à Trébisonde. Après la perte de l’Égypte, la famine et la peste désolèrent la capitale. L’empereur, hors d’état d’opposer de la résistance, et ne se flattant point d’être secouru, avait résolu de transporter et sa personne et son gouvernement à Carthage, où il espérait se trouver plus à l’abri du danger. Ses navires étaient déjà chargés des trésors du palais ; mais il fut arrêté par le patriarche qui, déployant en faveur de son pays l’autorité de la religion, conduisit le prince à l’autel de Sainte-Sophie, et exigea de lui le serment solennel de vivre et de mourir avec le peuple que Dieu avait confié à ses soins. Le chagan campait dans les plaines de la Thrace ; mais il dissimulait ses perfides desseins, et demandait à l’empereur une entrevue près de la ville d’Héraclée. Leur réconciliation fut célébrée par des jeux équestres ; le peuple et les sénateurs, revêtus de leurs habits de fêtes, allèrent en foule prendre part aux réjouissances de la paix, et les Avares contemplèrent avec envie et cupidité le tableau du luxe romain. La cavalerie des Scythes, qui avait fait la nuit une marche secrète et forcée, environna tout à coup l’enceinte où se donnaient les jeux : le son terrible du fouet du chagan fut le signal de l’assaut ; et Héraclius, attachant son diadème à son bras, dut son