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de Shebdiz et de Barid, renommés pour leur vitesse et leur beauté. Six mille gardes veillaient tour à tour à la porte du palais ; douze mille esclaves étaient chargés du service des appartemens ; et Chosroès pouvait se consoler de la vieillesse ou de l’indifférence de Sira, en choisissant parmi trois mille vierges les plus belles de l’Asie, qui composaient son sérail. Cent voûtes souterraines renfermaient ses trésors en or, en argent, en pierreries, en soie et en parfums ; et la chambre Badaverd contenait le butin fait sur Héraclius, dont le vent avait poussé les vaisseaux dans un havre de la Syrie qui appartenait à son rival. La voix de la flatterie, ou peut-être celle de la fiction, n’a pas rougi de compter les trente mille tapisseries précieuses qui ornaient les murs du palais de Chosroès ; les quarante mille colonnes d’argent, ou, ce qui est plus vraisemblable, de marbre ou de bois recouvert de lames d’argent qui en soutenaient le toit, et les mille globes d’or suspendus au dôme et par lesquels on avait voulu imiter le mouvement des planètes et les constellations du zodiaque[1]. Tandis que le grand roi contemplait les merveilles de son art et de sa puissance, il reçut une lettre d’un obscur citoyen de la Mecque, qui l’engageait à reconnaître Mahomet

  1. Théophane, Chronograph. p. 268 ; d’Herbelot, Bibl. orient., p. 997. Les Grecs décrivent Dastagerd au moment de son déclin, et les Perses au moment de sa splendeur ; mais les premiers parlent d’après le rapport sincère de leurs yeux ; et les seconds d’après les récits vagues parvenus à leurs oreilles.