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glorieux surnom d’Aumônier[1] distingue dans la foule des saints, accueillit les fugitifs de la Palestine : ce digne prélat rendit les revenus de son église et un trésor de trois cent mille livres sterling à leurs véritables propriétaires, c’est-à-dire aux pauvres de tous les pays et de toutes les dénominations. Mais les successeurs de Cyrus subjuguèrent l’Égypte elle-même, le seul état qui, depuis le temps de Dioclétien, eût été exempt de toute guerre, soit civile, soit étrangère. [De l’Égypte. A. D. 616.]Les cavaliers persans surprirent Péluse, la clef de cet impénétrable pays ; ils passèrent impunément les innombrables canaux du Delta, et reconnurent la longue vallée du Nil, depuis les pyramides de Memphis jusqu’aux frontières de l’Éthiopie. Alexandrie aurait pu recevoir des secours du côté de la mer ; mais l’archevêque et le préfet se réfugièrent dans l’île de Chypre, et Chosroès pénétra dans la seconde ville de l’empire, encore florissante par les restes de son industrie et de son commerce. La limite de ses conquêtes du côté de l’occident fut non pas le rempart de Carthage[2], mais les environs de Tripoli :

  1. La vie de ce digne prélat a été composée par l’évêque Léontius son contemporain. On trouve dans Baronius (Ann. ecclés., A. D. 610, no 10, etc.), et dans Fleury (tom. VIII, p. 235, 242), des extraits suffisans de cet édifiant ouvrage.
  2. L’erreur de Baronius et de beaucoup d’autres écrivains qui ont étendu les conquêtes de Chosroès jusqu’à Carthage au lieu de Chalcédoine, est fondée sur la ressemblance des mots grecs Καλχηδονα et Καρχηδονα, qu’on trouve dans le texte de Théophane, etc. Ils ont été confondus quelquefois par les copistes, et d’autres fois par les critiques.