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Mais la gloire de Maurice reçut un grand éclat du règne heureux et long de son fils et de son allié. Une troupe de mille Romains, qui continua à garder la personne de Chosroès, annonçait la confiance de ce prince dans la fidélité des étrangers : l’accroissement de ses forces lui permit d’éloigner ce secours désagréable au peuple ; mais il montra toujours la même reconnaissance et le même respect pour son père adoptif, et jusqu’à la mort de Maurice, les deux empires remplirent fidèlement les devoirs de la paix et de l’alliance. Cependant des cessions importantes avaient payé la mercenaire amitié de l’empereur : le roi de Perse lui rendit les forteresses de Martyropolis et de Dara, et les Persarméniens devinrent avec joie sujets de l’Empire, qui se prolongea vers l’Orient, au-delà des anciennes bornes, jusqu’aux rives de l’Araxe et aux environs de la mer Caspienne. Les âmes pieuses espéraient que l’Église, ainsi que l’état, gagnerait à cette révolution ; mais si Chosroès avait écouté de bonne foi les évêques chrétiens, le zèle et l’éloquence des mages effacèrent cette impression : s’il n’eut jamais qu’une indifférence philosophique, il adapta sa croyance, ou plutôt sa profession de foi, aux circonstances où il se trouvait ; et le fugitif devenu souverain ne s’exprima plus de la même ma-

    tere reges quam habere. Tacite fait un tableau admirable de l’invitation et de l’expulsion de Vonones (Ann., II, 1-3), de Tiridate (Annal., VI, 32-44), et de Meherdate (Annal., XI, 10 ; XII, 10-14). L’œil de son génie semble avoir percé tous les secrets du camp des Parthes et des murs du Harem.