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dans les vallées du mont Caucase, s’il se réfugierait dans le camp des Turcs, ou s’il solliciterait la protection de l’empereur de Constantinople. La longue rivalité des successeurs d’Artaxerxès et de Constantin augmentait sa répugnance à paraître en suppliant dans une cour ennemie ; mais, calculant les forces des Romains, il jugea prudemment que le voisinage de la Syrie rendrait son évasion plus facile et leurs secours plus efficaces. Suivi seulement de ses concubines et de trente gardes, il partit en secret de la capitale, suivit les bords de l’Euphrate, traversa le désert, et s’arrêta à dix milles de Circésium. Le préfet romain fut instruit de son approche à la troisième veille de la nuit ; et dès la pointe du jour, il introduisit dans la forteresse cet illustre fugitif. De là le roi de Perse fut conduit à Hiérapolis, séjour plus honorable, et à la réception des lettres et des ambassadeurs du petit-fils de Nushirwan, Maurice dissimula son orgueil et déploya sa bienveillance. Chosroès lui rappelait humblement les vicissitudes de la fortune et les intérêts communs des princes ; il exagérait l’ingratitude de Bahram, qu’il peignait comme l’agent du mauvais principe ; et représentait à l’empereur d’une manière spécieuse qu’il était avantageux aux Romains eux-mêmes de soutenir deux monarchies qui tenaient le monde en équilibre, et deux astres dont l’heureuse influence vivifiait et embellissait la terre. Les inquiétudes de Chosroès ne tardèrent pas à se dissiper ; l’empereur lui répondit qu’il embrassait la cause de la justice et de la royauté ;