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tion. Chosroès entra en campagne, à la tête des esclaves du palais et de la populace de sa capitale. Ils virent avec terreur les bannières d’une armée de vétérans ; ils furent environnés et surpris par les évolutions de Bahram ; et les satrapes qui avaient déposé Hormouz, furent punis de leur révolte, ou expièrent leur trahison par un second acte d’infidélité plus criminel que le premier. Chosroès parvint à sauver sa vie et sa liberté ; mais il se trouvait réduit à chercher des secours ou un asile dans une terre étrangère ; et l’implacable Bindoès, pour lui assurer un titre incontestable, retourna en hâte au palais, [Mort d’Hormouz. A. D. 590.]et avec la corde d’un arc termina la misérable existence du fils de Nushirwan[1].

Chosroès se réfugie chez les Romains.

Tandis que Chosroès faisait les préparatifs de sa retraite, il délibéra avec le peu d’amis qui lui restaient[2], s’il demeurerait caché et épiant l’occasion

  1. Théophylacte (l. IV, c. 7) impute la mort d’Hormouz à son fils, par les ordres duquel il expira, si on l’en croit, sous le bâton. J’ai suivi le récit moins odieux de Khondemir et d’Eutychius, et je serai toujours disposé à adopter le témoignage le plus léger, lorsqu’il s’agira de diminuer l’atrocité d’un parricide.
  2. Après la bataille de Pharsale, Pompée, dans le poëme de Lucain (l. VIII, 256-455) élève une discussion du même genre. Il voulait se réfugier chez les Parthes ; mais les compagnons de sa fortune abhorraient cette alliance anti-patriotique ; et les mêmes préjugés peuvent avoir agi avec autant de force sur l’esprit de Chosroès et de ses compagnons, qui ont pu dépeindre avec autant de véhémence la différence de lois, de religion, de mœurs qui sépare l’Orient et l’Occident.