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leur sous les yeux de Chosroès ; Nushirwan et Hormouz l’élevèrent successivement au commandement des armées, au gouvernement de la Médie et à la surintendance du palais. Une prédiction répandue parmi le peuple, l’indiqua comme le libérateur de la Perse ; peut-être avait-elle été inspirée par le souvenir de ses victoires passées, et en même par son étrange figure. L’épithète de Giubin, par laquelle on le désignait, exprime la qualité de bois sec ; il avait la force et la stature d’un géant, et on comparait sa physionomie farouche à celle d’un chat sauvage. Tandis que la nation tremblait, qu’Hormouz déguisait ses terreurs sous le nom de soupçons, et que ses serviteurs cachaient leur peu d’affection sous le masque de la crainte, Bahram seul montrait un courage intrépide et une fidélité apparente ; voyant qu’il ne pouvait rassembler que douze mille soldats pour marcher à l’ennemi, il déclara habilement que les honneurs du triomphe étaient réservés au nombre de douze mille hommes. La descente escarpée et étroite du Pule Rudbar[1] ou rocher Hyrcanien, est le seul passage qui puisse conduire une armée dans le territoire de Rei et les plaines de la Médie. Une petite troupe d’hommes courageux, placée sur les hauteurs, pouvait, à coups de pierres et de dards, écraser l’immense armée des Turcs. L’empereur et son fils furent percés de traits,

  1. Voyez une description exacte de cette montagne par Olearius (Voyage en Perse, p. 997, 998), qui la monta avec beaucoup de peine, et qui courut des dangers en revenant d’Ispahan à la mer Caspienne.