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étaient la suite des crimes et des folies qu’il déplorait, et avaient préparé l’orage qu’il appréhendait avec tant de raison. Les provinces de Babylone, de Suze et de Carmanie, irritées d’une longue oppression sans espérance, arborèrent l’étendard de la révolte ; et les princes de l’Arabie, de l’Inde et de la Scythie, refusèrent à l’indigne successeur de Nushirwan le tribut accoutumé. Les armes des Romains désolèrent les frontières de la Mésopotamie et de l’Assyrie par de longs siéges et des incursions fréquentes ; un de leurs généraux témoigna vouloir imiter Scipion ; et les soldats furent excités par une image miraculeuse de Jésus-Christ, dont les traits pleins de douceur n’auraient jamais dû se montrer à la tête d’une armée[1]. Le khan passa l’Oxus avec trois ou quatre cent mille Turcs, et envahit dans le même temps les provinces orientales de la Perse. L’imprudent Hormouz accepta leur redoutable et perfide secours ; les villes du Khorasan et de la Bactriane eurent ordre d’ouvrir leurs portes : la marche des Turcs vers les montagnes de l’Hyrcanie révéla leur intelligence avec les Romains, et leur union aurait dû renverser le trône de la maison de Sassan.

  1. Voyez cette imitation de Scipion dans Théophylacte, l. I, c. 14 ; et au l. II, c. 3, il parle de l’image de Jésus-Christ. Je traiterai plus bas, et assez au long, des images des chrétiens ; j’ai pensé dire des idoles. Celle-ci fut, si je ne me trompe, le plus ancien αχειροποιητος de manufacture céleste ; mais dans les dix siècles qui ont suivi il en est sorti beaucoup de la même fabrique.