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juridiction qu’en qualité d’évêque de Rome, de primat d’Italie et d’apôtre de l’Occident. Il prêcha souvent, et son éloquence grossière, mais pathétique, enflammait les passions de son auditoire. Il interprétait et appliquait le langage des prophètes juifs, et tournait vers l’espoir et la crainte d’une autre vie l’esprit du peuple abattu par le malheur. Il détermina d’une manière fixe la liturgie romaine[1], la division des paroisses, le calendrier des fêtes, l’ordre des processions, le service des prêtres et des diacres, la variété et le changement des habits sacerdotaux. Il officia jusqu’aux derniers jours de sa vie dans le canon de la messe, qui durait plus de trois heures. Le chant qu’il introduisit, et qu’on appela chant Grégorien[2], conserva la musique vocale et instrumentale du théâtre ; et les voix rauques des Barbares essayèrent vainement d’imiter la mélodie de l’école

  1. La Pater noster est composée de cinq ou six lignes. Le sacramentarius et l’antiphonarius de saint Grégoire remplissent 880 pages in-fol. (t. III, part. I, p. 1-880) ; toutefois ils ne forment qu’une partie de l’Ordo romanus que Mabillon a développé, et qui a été abrégé par Fleuri. (Hist. ecclés., t. VIII, p. 139-152.)
  2. L’abbé Dubos (Réflexions sur la poésie et la peinture, t. III, p. 174, 175) observe que la simplicité du chant Ambrosien n’employait que quatre tons, et que l’harmonie plus parfaite de celui de saint Grégoire comprenait les huit tons ou les quinze cordes de l’ancienne musique. Il ajoute (p. 332) que les connaisseurs admirent la préface et plusieurs morceaux de l’office Grégorien.