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lenti par l’énorme distance qui mettait les Avares à l’abri de leurs armes. Leurs ambassadeurs suivirent les pas des vaincus à travers le Jaik, le Volga, le mont Caucase, la mer de l’Euxin et jusqu’à Constantinople ; ils arrivèrent enfin devant le successeur de Constantin, pour lui demander de ne pas embrasser la cause d’une troupe de rebelles fugitifs. Le commerce eut aussi quelque part à cette négociation ; et les Sogdoïtes, alors tributaires des Turcs, profitèrent de l’occasion pour ouvrir, par le nord de la mer Caspienne, une nouvelle route à l’exportation des soies de la Chine dans l’Empire romain. Les Persans, préférant la navigation par l’île de Ceylan, avaient arrêté les caravanes de Bochara et de Samarcande ; ils avaient brûlé avec dédain les soies qu’elles portaient. Des ambassadeurs turcs moururent en Perse ; on crut qu’ils étaient morts empoisonnés, et le khan permit à Maniach, prince des Sogdoïtes, son fidèle vassal, de proposer à la cour de Byzance un traité d’alliance contre leur ennemi commun. Maniach et ses collègues se distinguaient des grossiers sauvages du Nord par la richesse de leurs présens et de leurs vêtemens, fruit du luxe de l’Asie. Leurs lettres, écrites en caractère et en langue scythes, annonçaient un peuple instruit au moins des premiers rudimens de la science[1]. Ils firent

  1. Les Russes ont remarqué de grossiers caractères hiéroglyphiques sur les médailles, les tombeaux, les idoles, les rochers, les obélisques, etc., trouvés aux environs de l’Irtish et du Jenissea. Strahlenberg, Hist. de la Sibérie,