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d’après son expérience, qu’un agresseur injuste et heureux avait souvent triomphé de la cause la plus juste. Tout le mérite des lois des Lombards appartient entièrement à la raison naturelle de ce peuple, qui n’admit jamais les évêques d’Italie dans son conseil de législation. La suite de ses rois se fit remarquer par des talens et des vertus : les troubles dont se composent ses annales laissent briller des intervalles de paix, d’ordre et de bonheur intérieur ; les Italiens jouirent d’un gouvernement plus modéré et plus équitable qu’aucun des autres royaumes qui s’établirent sur les ruines de l’empire d’Occident[1].

Misère de Rome.

Au milieu des hostilités des Lombards, et sous le despotisme des Grecs, la condition de Rome[2], vers la fin du sixième siècle, avait atteint le dernier degré de l’humiliation. Le siége de l’empire transféré à Constantinople, et la perte successive des pro-

    mus per pugnam sine justâ causâ, suam causam perdere. Sed propter consuetudinem gentem nostram Langobardorum, legem impiam vetare non possumus. Voyez p. 74, no 65 des Lois de Luitprand, promulguées A. D. 724.

  1. Lisez l’histoire de Paul Warnefrid, et en particulier le livre III, c. 16. Baronius ne convient pas de ce fait, qui semble contredire les invectives du pape Grégoire-le-Grand : mais Muratori (Annali d’Italia, t. V, p. 217) ose insinuer que le saint peut avoir exagéré les fautes imputées à des ariens et à des ennemis.
  2. Baronius a transcrit dans ses Annales (A. D. 590, no 16 ; A. D. 595, no 2, etc.) les passages des Homélies de saint Grégoire, qui peignent l’état misérable de la ville et de la campagne de Rome.