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tharis mourut une année après ; mais les vertus de Theudelinde[1] l’avaient rendue chère à la nation, qui lui permit de donner avec sa main le sceptre et le royaume d’Italie.

Gouvernement.

Ce fait et d’autres pareils[2] démontrent que les Lombards avaient le droit d’élire leur souverain, et assez de bon sens pour ne pas user trop souvent de ce dangereux privilége. Leur revenu public venait des productions de la terre et des émolumens de la justice. Lorsque les ducs indépendans permirent à Autharis de monter sur le trône de son père, ils attachèrent à la couronne la moitié de leurs domaines respectifs. Les plus fiers d’entre les nobles aspiraient aux honneurs de la servitude auprès de la personne de leur prince ; celui-ci récompensait précairement la fidélité de ses vassaux par des pensions et des bénéfices, et travaillait à expier les maux de la guerre par de magnifiques fondations d’églises et de monastères. Il exerçait les fonctions de juge durant la paix, celles de général pendant la guerre, et n’usurpa jamais les pouvoirs d’un législateur absolu. Il convoquait les assemblées nationales dans le palais de Pavie,

  1. Giannone (Istoria civile di Napoli, t. I, p. 263) relève avec raison l’impertinence de Boccace (Gio. III, Nov. 2), qui, sans aucun titre, sans aucun prétexte, et contre toute vérité, met la pieuse reine Theudelinde dans les bras d’un muletier.
  2. Paul, l. III, c. 16. On peut consulter sur l’état du royaume d’Italie, les premières Dissertations de Muratori et le premier volume de l’histoire de Giannone.