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des princes mérovingiens qui ait passé les Alpes. La première fut déconcertée par les haines jalouses des Francs et des Allemands. Lors de la seconde, ils furent vaincus dans une bataille sanglante, avec plus de perte et de déshonneur qu’ils n’en avaient éprouvé depuis la fondation de leur monarchie. Enflammés par la vengeance, ils revinrent une troisième fois, avec un redoublement de forces, et Autharis céda à la fureur de ce torrent. Les troupes et les trésors des Lombards furent distribués dans les villes murées, situées entre les Alpes et l’Apennin. Une nation moins sensible au danger qu’à la fatigue et aux délais, murmura bientôt contre l’imprudence de ses vingt chefs ; et le soleil ardent de l’Italie frappa de maladie ces corps habitués à d’autres climats, et qui avaient déjà souffert des alternatives de l’intempérance et de la famine ; mais les forces qui ne suffisaient pas pour conquérir le pays étaient plus que suffisantes pour le ravager, et les naturels épouvantés ne pouvaient distinguer leurs ennemis et leurs libérateurs. Si la jonction des troupes du roi mérovingien et des troupes impériales s’était effectuée aux environs de Milan, elles auraient peut-être renversé le trône des Lombards ; mais les Francs attendirent six jours le signal d’un village en flammes, dont on était convenu, et les Grecs s’amusèrent à réduire Modène et Parme, qu’on leur enleva après la retraite de leurs alliés. Le triomphe d’Autharis établit son droit à la possession de l’Italie. Il soumit, malgré sa résistance, une île du lac de Côme au pied des Alpes