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Rome[1] ; mais son père et sa mère habitaient Arabissus dans la Cappadoce, et ils eurent le rare bonheur de voir et de partager la fortune de leur auguste fils. Il avait passé sa jeunesse dans le métier des armes : ayant obtenu le commandement d’une nouvelle légion de douze mille confédérés que Tibère venait de lever, il se signala par sa valeur et sa conduite dans la guerre de Perse, et revint à Constantinople où l’héritage de l’empire devint la juste récompense de son mérite. Il monta sur le trône à l’âge de quarante-trois ans ; et il en régna plus de vingt sur l’empire et sur lui-même[2] : chassant de son cœur le tumulte démocratique des passions, et y établissant, selon l’expression recherchée d’Evagrius, l’aristocratie parfaite de la raison et de la vertu. Au reste, le témoignage d’un sujet inspire des soupçons, quoiqu’il déclare que ses éloges n’arriveront

  1. Il est assez singulier que Paul (l. III, c. 15) le donne pour le premier empereur grec, primus ex græcorum genere in imperio constitutus. Il est vrai que ses prédécesseurs immédiats étaient nés dans les provinces latines de l’Europe : il faut peut-être lire dans le texte de Paul in græcorum imperio ; ce qui appliquerait l’expression à l’empereur plutôt qu’au prince.
  2. Voyez sur le caractère et le règne de Maurice, les cinquième et sixième livres d’Evagrius, et en particulier le livre VI, c. 1, les huit livres de l’histoire prolixe et ampoulée de Théophylacte Simocatta, Théophane (p. 213, etc.), Zonare (t. II, l. XIV, p. 73), Cedrenus (p. 394).