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voix d’un ange révéla à l’empereur qu’il triompherait toujours de ses ennemis domestiques ; mais Tibère comptait davantage sur l’innocence et la générosité de son propre cœur.

Ses vertus.

Il ajouta à l’odieux nom de Tibère le surnom plus populaire de Constantin, et imita toutes les vertus des Antonins. Après avoir raconté les vices ou les extravagances d’un si grand nombre d’empereurs, il est doux de s’arrêter un moment sur un prince distingué par son humanité, sa justice, sa tempérance et la force de son âme ; de contempler un souverain affable dans son palais, religieux au pied des autels, impartial dans ses fonctions de juge, et vainqueur, du moins par ses généraux, dans la guerre de Perse ; mais une multitude de captifs dont il prit des soins extrêmes, et qu’il renvoya dans leur patrie avec la charité d’un héros chrétien, après les avoir rachetés de ses soldats et de ses officiers, fut le trophée le plus glorieux de sa victoire. Le mérite ou l’infortune de ses sujets excitaient toujours sa bienfaisance ; et ses largesses, qu’il calculait d’après sa dignité, surpassaient communément leurs désirs. Cette maxime, dangereuse dans un dépositaire de la fortune publique, était contrebalancée toutefois par un principe d’humanité et d’équité qui lui faisait regarder comme la plus vile des richesses l’or qu’on tire des larmes des sujets. Dès qu’ils avaient souffert par une calamité de la nature ou par les ravages de la guerre, il se hâtait de leur remettre les arrérages des tributs, ou de les affranchir d’impôts. Si de lâches ministres