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ensuite général des armées d’Italie, qui essaya vainement de faire confirmer les droits de son mariage par ceux de l’adoption. Aussi long-temps que l’empire avait été l’objet de ses désirs, Justin avait vu d’un œil de jalousie et de haine ses frères et ses cousins rivaux de ses espérances : il ne pouvait compter sur leur reconnaissance pour le don de la pourpre, qu’ils auraient reçu comme une restitution plutôt que comme un bienfait. L’un de ces compétiteurs avait d’abord été exilé, et on lui avait ensuite donné la mort. L’empereur s’était porté envers un autre à de si cruelles insultes qu’il devait craindre son ressentiment ou mépriser sa patience. Cette animosité domestique donna lieu à la généreuse résolution de chercher un successeur non dans sa famille, mais dans la république, et l’adroite Sophie recommanda Tibère[1], fidèle capitaine des gardes du prince, qui pouvait chérir les vertus de cet officier et veiller à sa fortune avec cette affection qu’on a pour les

    Badoero) a bâti des églises et donné des ducs à la république dès le neuvième siècle ; et si sa généalogie est bien prouvée, il n’y a pas de rois en Europe qui puissent en produire une aussi ancienne et aussi illustre. (Ducange, Fam. Byzant., p. 99 ; Amelot de la Houssaye, Gouvern. de Venise, t. II, p. 555.)

  1. Les éloges accordés aux princes avant leur élévation au trône, sont les plus purs et les plus imposans. Corippe avait loué Tibère dans le temps de l’élévation de Justin au trône (l. I, p. 212-222). Au reste, un capitaine des gardes pouvait exciter la flatterie d’un Africain exilé.