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Après une longue marche, ils arrivèrent au pied du Caucase, dans le pays des Alains[1] et des Circassiens, où ils entendirent parler pour la première fois de la splendeur et de la faiblesse de l’Empire romain. Ils prièrent humblement le roi des Alains leurs confédérés, de les mener à cette source de richesses, et avec la permission du gouverneur de la Lazique, leur ambassadeur fut conduit à Constantinople par le Pont-Euxin. Tous les habitans de la capitale se précipitèrent au-devant d’eux, pour examiner avec curiosité et avec effroi l’étrange figure de ces Barbares. Des rubans nouaient avec grâce leur longue chevelure qui tombait en tresses sur leur dos ; mais ils avaient d’ailleurs le costume des Huns. [Leur ambassade à Constantinople. A. D. 558.]Lorsqu’ils furent admis à l’audience de Justinien, Candish, le premier des ambassadeurs, adressa ces paroles à l’empereur : « Vous voyez devant vous, ô puissant prince ! les représentans de la plus forte et de la plus nombreuse des nations, des invincibles, des irrésistibles Avares. Nous voulons mourir à votre service, et nous sommes en état de vaincre et de détruire tous les ennemis qui troublent aujourd’hui votre repos ; mais nous attendons pour prix de notre alliance, et pour récompense de notre valeur, des largesses précieuses, des subsides annuels et de fertiles domaines. » Justinien

  1. On trouve les Alains dans l’Histoire généalogique des Tartares, p. 617, et dans les Cartes de d’Anville. Ils s’opposèrent à la marche des généraux de Zingis autour de la mer Caspienne, et ils furent détruits dans une grande bataille. (Hist. de Gengis-Khan, l. IV, c. 9, p. 447.)