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Les Avares fuient devant les Turcs, et s’approchent de l’empire d’Orient.

Les Turcs, dans leurs rapides conquêtes, attaquèrent et subjuguèrent la nation des Ougres et des Varchonites établis sur les bords du Til, qu’on surnommait le Noir, à cause de la couleur de ses eaux et de ses sombres forêts[1]. Le khan des Ougres fut tué avec trois cent mille de ses sujets, et leurs cadavres jonchèrent une étendue de quatre journées de chemin ; ceux de leurs compatriotes qui échappèrent à ce massacre, se soumirent à la force et à la clémence des Turcs ; et un petit corps d’environ vingt mille guerriers préféra l’exil à la servitude. Ils suivirent le Volga, dont les bords leur étaient bien connus. Ils entretinrent l’erreur des nations qui les confondaient avec les avares, et ils répandirent la terreur sous ce nom redouté, qui toutefois n’avait pas sauvé du joug des Turcs les véritables Avares[2].

    462), et de Visdelou (Suppl. à la Bibl. orient. d’Herbelot, p. 82-114) ; Menander (p. 108-164) et Théophylacte Simocatta (l. VII, c. 7, 8) ont recueilli le peu de mots qu’en ont dit les Grecs et les Romains.

  1. Le Til ou Tula, selon M. de Guignes (t. I, part. 2, p. 58 et 352), est un petit mais précieux ruisseau du désert, qui tombe dans l’Orhon, Selinga, etc. Voyez Bell (Voyage de Pétersbourg à Pékin, vol. II, p. 124) ; toutefois sa description du Keat, sur lequel il s’embarqua jusqu’à l’Obi, offre le nom et les caractères de la rivière Noire, p. 139.
  2. Théophylact., l. VII, c. 7, 8. Toutefois M. de Guignes lui-même n’a pu retrouver les véritables Avares ; et quoi de plus imposant que cette nation appelée par Théophylacte les faux Avares ? Les Turcs ont reconnu que les Ougres fugitifs avaient droit de prendre ce nom. Menander, p. 108,