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que plus actif et plus dangereux. Il apprit que les Avares se trouvaient sur son territoire ; mais convaincu qu’après la défaite des Lombards il repousserait aisément ces étrangers, il marcha d’abord contre l’implacable ennemi de son nom et de sa famille. L’intrépidité des Gépides ne leur valut qu’une mort honorable. Les plus braves d’entre eux demeurèrent sur le champ de bataille ; le roi des Lombards reçut avec joie la tête de Cunimund ; et pour rassasier sa haine ou suivre les Barbares coutumes de son pays, il fit monter son crâne en forme de coupe[1]. Après cette victoire, aucun obstacle ne s’opposait plus aux progrès des alliés, et ils exécutèrent avec fidélité les articles de leur convention[2]. Une nouvelle colonie de Scythes s’établit sans trouver de résistance dans les belles contrées de la Valachie, de la Moldavie, de la Transylvanie, ainsi que dans la portion de la Hongrie qui est au-delà du Danube, et le règne des chagans dans la Dacie, subsista avec splendeur plus de deux cent trente ans. La nation des Gépides disparut ; mais lors du partage des captifs, les es-

  1. Il paraît, d’après les remarques de Strabon, de Pline et d’Ammien-Marcellin, que c’était un usage commun chez les tribus des Scythes. (Muratori, Script, rer. italicar., t. I, p. 424.) Les chevelures de l’Amérique septentrionale sont aussi des trophées de valeur ; les Lombards conservèrent plus de deux siècles le crâne de Cunimund ; et Paul lui-même fut du festin où le duc Ratchis fit paraître cette coupe destinée aux grandes solennités (l. II, c. 28).
  2. Paul, l. I, c. 27 ; Ménandre, in Excerpt. legat., p. 110, 111.