Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent et célèbrent la corruption de leur siècle : la raison et l’autorité des jurisconsultes n’essaya que de faibles tentatives pour la réforme des mœurs, jusqu’à ce qu’enfin le plus vertueux des Césars proscrivît le vice contre nature, comme un crime contre la société[1].

Sévérité des empereurs chrétiens.

Un nouvel esprit de législation respectable, même dans ses erreurs, s’éleva dans l’empire avec la religion de Constantin[2]. Les lois de Moïse furent regardées comme le divin modèle de la justice, et les peines qu’elles prononcent devinrent la règle des princes chrétiens dans les châtimens qu’ils appliquèrent aux différens degrés de corruption. On déclara d’abord que l’adultère était un crime capital : on assimila les faiblesses des deux sexes à l’empoisonnement ou à

    du lecteur qui connaît les auteurs anciens ; je me contenterai d’indiquer ici la tranquille réflexion d’Ovide :

    Odi concubitus qui non utrumque resolvunt.
    Hoc est quod puerûm tangar amore, minus.

  1. Ælius Lampride (in vit. Heliogabali, dans l’Histoire Auguste, p. 112), Aurelius-Victor (in Philipp. cod. Theod., l. IX, tit. 7, leg. 7), et le Commentaire de Godefroy (t. III, p. 63). Théodose abolit les mauvais lieux établis dans les souterrains de Rome, où les deux sexes se prostituaient impunément.
  2. Voy. les lois de Constantin et de ses successeurs contre l’adultère, la sodomie, etc., dans le Code Théodosien (l. IX, tit. 7, leg. 7 ; l. XI, t. 36, leg. 1, 4) et le Code Justinien (l. IX, tit. 9, leg. 30, 31). Ces princes parlent le langage de la passion, ainsi que celui de la justice, et ils ont la mauvaise foi d’attribuer aux premiers césars leur propre sévérité.