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n’égalent pas en nombre la centième partie des habitans de la Chine : si nous balançons leur puissance et si nous échappons à leurs armes, c’est parce que, livrés à la guerre et à la chasse, nous errons sans demeures fixes. Sommes-nous en force, nous nous avançons et nous faisons des conquêtes ; sommes-nous faibles, nous nous retirons et nous nous tenons cachés. Si les Turcs s’emprisonnaient dans les murs d’une ville, la perte d’une bataille détruirait leur empire. Les bonzes ne prêchent que la patience, l’humilité et la renonciation au monde. Ce n’est pas là, ô roi ! la religion des héros. » Ils adoptèrent avec moins de répugnance la doctrine de Zoroastre ; mais la plus grande partie de la nation suivit sans examen les opinions ou plutôt les usages de ses ancêtres. Ils n’accordaient qu’à la Divinité suprême les honneurs du sacrifice ; ils reconnaissaient dans leurs hymnes grossiers ce qu’ils devaient à l’air, au feu, à l’eau et à la terre ; et les prêtres tiraient quelques profits de l’art de la divination. Leurs lois non écrites étaient sévères et impartiales ; ils condamnaient le voleur à une restitution décuple ; ils punissaient de mort l’adultère, la trahison, le meurtre ; mais aucune peine ne leur paraissait trop sévère pour la lâcheté, crime impardonnable et rare parmi eux. Comme ils réunissaient sous leurs étendards les nations qu’ils avaient assujetties, ils comptaient orgueilleusement par millions les hommes et les chevaux dont se composait leur cavalerie ; une de leurs armées contenait quatre cent mille soldats effectifs, et en moins de cinquante ans