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talion, et elles ordonnent rigoureusement la perte d’un œil pour un œil, d’une dent pour une dent, et d’un membre pour un membre, à moins que le coupable ne puisse obtenir son pardon en payant une amende de six cents marcs de cuivre. Les décemvirs décernèrent avec beaucoup de légèreté la peine du fouet et de la servitude, et assignèrent des peines capitales à neuf délits d’une nature bien différente. 1o. Ils rangèrent dans cette classe tous les actes de trahison contre l’état ou de correspondance avec l’ennemi. Le supplice était cruel et ignominieux ; on cachait sous un voile la tête du Romain dégénéré ; on lui liait les mains derrière le dos, et, après qu’il avait été battu de verges par le licteur, on l’attachait au milieu du Forum à une croix ou arbre de mauvais augure, et on l’y laissait expirer. 2o. Les assemblées nocturnes dans la capitale, soit que le plaisir, la religion ou le bien public en fussent le prétexte. 3o. L’assassinat d’un citoyen qui, selon les sentimens naturels au cœur de l’homme, exige le sang du meurtrier. Le poison est encore plus odieux que l’épée ou le poignard, et on est étonné de découvrir, dans deux exemples atroces, combien cette scélératesse raffinée souilla de bonne heure la simplicité de la république et les chastes vertus des matrones romaines[1]. On

  1. Tite-Live fait mention de deux époques de crime où trois mille personnes furent accusées, et cent quatre-vingt-dix nobles matrones convaincues du crime d’empoisonnement (XL, 43, VIII, 18). M, Hume distingue les temps de vertu publique et ceux de vertu privée. (Essays, vol. I,