Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut-être pas les six millions d’habitans qui sont le résultat de cette incroyable évaluation[1].

Origine des Turcs, et leur empire en Asie. A. D. 545., etc.

Au milieu de ces obscures calamités, l’Europe sentit le choc d’une révolution qui fit connaître pour la première fois le nom et la nation des Turcs. Le fondateur de ce peuple guerrier qui avait été, ainsi que Romulus, allaité par une louve, devint ensuite père d’une nombreuse postérité ; et la représentation de cet animal sur les bannières des Turcs a conservé la mémoire ou plutôt donné l’idée d’une fable inventée par les bergers du Latium et ceux de la Scythie, sans que les uns et les autres se fussent concertés. On trouve à deux mille milles de la mer Caspienne, de la mer Glaciale, de la mer de la Chine et de celle du Bengale, une chaîne de montagnes remarquable, qui est le centre et peut-être le sommet de l’Asie, et que, dans les langues des diverses nations, on appelle Imaüs[2], Caf et Altaï, les montagnes d’or et la ceinture de la terre. Les flancs des collines produisent des minéraux,

  1. Si l’on en croit le témoignage malveillant des Anecdotes (c. 18), après ces incursions, les provinces situées au sud du Danube ressemblaient aux déserts de la Scythie.
  2. On lit dans quelques auteurs depuis Caf jusqu’à Caf, ce qui, dans une géographie plus raisonnable, signifierait peut-être de l’Imaüs au mont Atlas. Selon la philosophie superstitieuse des mahométans, la base du mont Caf est une émeraude, dont la réflexion produit l’azur des cieux. Ils disent que cette montagne est douée d’une action sensitive dans ses racines ou nerfs, et que leur vibration, qui dépend de Dieu, cause les tremblemens de terre. D’Herbelot, p. 230, 231.