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étaient d’origine dorienne[1] : les récoltes de la Campanie et de la Sicile fournissaient à la subsistance d’un peuple chez qui la guerre et les factions interrompaient souvent la culture ; et du moment que le commerce fut établi[2], les députés romains purent, de ces parages où ils allaient approvisionner la ville, rapporter une richesse encore plus précieuse, les lumières des autres nations sur l’administration des états. Les colonies de la Grande-Grèce avaient transplanté et perfectionné en Italie les arts de leur métropole. Cumes et Reggio, Crotone et Tarente, Agrigente et Syracuse, étaient au nombre des villes les plus florissantes. Les disciples de Pythagore appliquaient la philosophie à la pratique des gouvernemens ; les lois orales de Charondas empruntaient le secours de la poésie et de la musique[3] ; et Zaleucus établissait la république des Locriens, qui subsista plus de deux

  1. Le docteur Bentley (Dissert. sur les Épît. de Phalaris, p. 427-479) discute habilement tout ce qui a rapport aux monnaies de Sicile et de Rome, sujet très-obscur. L’honneur et le ressentiment l’excitaient à déployer tous ses moyens dans cette controverse.
  2. Les navires des Romains ou de leurs alliés allèrent jusqu’au beau promontoire de l’Afrique. (Polybe, l. III, p. 177, édit. de Casaubon, in-fol.) Tite-Live et Denys d’Halicarnasse parlent de leurs voyages à Cumes, etc.
  3. Ce fait prouverait seul l’antiquité de Charondas, qui donna des lois à Reggio et à Catane : c’est par une étrange méprise que Diodore de Sicile (t. I, l. XII, p. 485-492) lui attribue l’institution politique de Thurium, laquelle est bien postérieure.