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partie occidentale du ciel, une comète[1] qui jetait ses rayons vers le nord. Huit années après, le soleil se trouvant au signe du capricorne, une autre comète se montra dans le sagittaire : son étendue augmenta peu à peu, sa tête paraissait à l’orient et sa queue à l’occident, et elle fut visible plus de quarante jours. Les nations la contemplèrent avec étonnement : elles s’attendirent à des guerres et des calamités ; et l’événement ne répondit que trop à ces funestes conjectures. Les astronomes dissimulaient leur ignorance sur la nature de ces corps brillans ; ils les représentaient comme des météores flottans dans l’air, et peu d’entre eux adoptèrent l’idée si simple de Sénèque et des Chaldéens, que ce sont des planètes distinguées des autres par une plus longue révolution et un cours moins régulier[2]. Le temps et le progrès des sciences ont justifié les conjectures et les prédictions du philosophe romain. Le télescope a ouvert de nouveaux mondes aux regards des astronomes[3]. Dans

  1. Jean Malala (t. II, p. 190, 219) et Théophane (p. 154) parlent de la première comète. Procope (Persic., l. II, c. 4) fait mention de la seconde ; mais je soupçonne fortement leur identité. Théophane (p. 158) applique à une année différente la pâleur du soleil que rapporte Procope (Vand., l. II, c. 14).
  2. Sénèque (septième livre des Questions naturelles) développe la théorie des comètes avec un esprit très-philosophique. Au reste, nous devons éviter ici l’excès de la bonne foi, et ne pas confondre une prédiction vague, un veniet tempus, etc., avec le mérite d’une découverte réelle.
  3. Les astronomes peuvent étudier Newton et Halley :