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admiration du genre humain s’attache au génie d’un conquérant qui conduit lui-même ses sujets à la guerre ; mais Philippe II et Justinien n’ont été remarqués que par cette froide ambition qui leur fit aimer la guerre et éviter le danger des batailles. Cependant une statue colossale de bronze représentait l’empereur à cheval, se préparant à marcher contre les Perses, avec l’habit et l’armure d’Achille. C’était au milieu de la grande place située devant l’église de Sainte-Sophie, que s’élevait cette statue sur une colonne d’airain que portait un piédestal de pierre composé de sept degrés ; et c’était de ce lieu que l’avarice et la vanité de Justinien avaient fait enlever la colonne de Théodose, qui était d’argent et du poids de quatorze mille huit cents marcs. Ses successeurs ont été plus justes ou plus indulgens pour sa mémoire : Andronic le Vieux répara et orna, au commencement du quatorzième siècle, la statue équestre dont nous venons de parler ; depuis la chute de l’empire grec, les Turcs vainqueurs en ont fait des canons[1].

Je terminerai ce chapitre par des détails sur les comètes, les tremblemens de terre et la peste, qui affligèrent les peuples sous le règne de Justinien.

Comètes. A. D. 530-539.

I. Au mois de septembre de la cinquième année de son règne, on vit, durant vingt jours, dans la

  1. Voy. dans la C. P. Christina de Ducange (l. I, c. 24, no 1) une suite de témoins originaux, depuis Procope, qui vivait au sixième siècle, jusqu’à Gyllius, qui vivait au seizième.