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liarité alla jusqu’à entrer dans les villes et les maisons des Romains leurs alliés, pour y saisir les captifs qui s’étaient échappés de leurs mains. La nation désavoua et l’empereur excusa ces actes d’hostilité qu’on voulut attribuer à la fougue de quelques aventuriers ; mais les Lombards se trouvèrent bientôt engagés plus sérieusement dans une guerre de trente années, qui ne se termina que par l’anéantissement des Gépides. Ces deux peuples plaidèrent souvent leur cause devant le trône de Constantinople ; et l’artificieux Justinien, qui haïssait presque également tous les Barbares, prononçait une sentence partiale et équivoque, et par des secours tardifs et inefficaces prolongeait adroitement la guerre. Leurs forces étaient redoutables, puisque les Lombards, qui envoyaient au combat plusieurs myriades de soldats, se disaient les plus faibles, et réclamaient à ce titre la protection des Romains. Les Lombards et les Gépides montraient une égale intrépidité ; mais telle est l’incertitude du courage, que les deux armées furent soudain saisies d’une terreur panique, qu’elles s’enfuirent l’une et l’autre, et que les princes rivaux demeurèrent avec leurs gardes au milieu de la plaine vide. On convint d’une trêve de peu de durée ; mais bientôt la fureur se ranima des deux côtés ; et le souvenir de leur honteuse fuite rendit le premier combat plus désespéré et plus meurtrier. Quarante mille Barbares périrent dans la bataille décisive qui anéantit la puissance des Gépides, fit changer d’objet aux craintes et aux vœux de Justinien, et développa les