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le coup d’œil de Narsès embrassa tout ce vaste pays qui s’étend de la Calabre jusqu’au pied des Alpes. Les restes de la nation des Goths évacuèrent la contrée ou se mêlèrent parmi les habitans. Les Francs, au lieu de venger Buccelin, abandonnèrent sans combat leurs conquêtes d’Italie ; le rebelle Sindbal, chef des Hérules, fut vaincu, fait prisonnier, et l’inflexible justice de Narsès le fit mourir sur une potence élevée[1]. Une pragmatique sanction que l’empereur publia à la prière du pape, établit d’une manière fixe, après les agitations d’une longue tempête, le gouvernement civil de l’Italie. Justinien établit dans les écoles et les tribunaux de l’Occident la jurisprudence qu’il avait donnée à ses peuples quelques années auparavant ; il ratifia les actes de Théodoric et de ses successeurs immédiats ; mais il annula et abolit tous les actes que, durant l’usurpation de Totila, la force avait arrachés et qu’avait souscrits la crainte. On s’efforça de concilier, par une théorie fondée sur des principes modérés, les droits de la propriété et la sûreté de la prescription, les priviléges de l’état et la pauvreté du peuple, le pardon des offenses et les

    prouvé, contre l’opinion commune, que les ducs d’Italie furent institués avant la conquête des Lombards par Narsès. Dans la Pragmatique sanction, no 23, Justinien réduit le nombre des Judices militares.

  1. Voy. Paul Diacre, l. III, c. 2, p. 776. Menander (in Excerpt. legat., p. 133) fait mention de diverses émeutes suscitées en Italie par les Francs ; et Théophane (p. 201) indique quelques rebellions des Goths.