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un fragment de rocher, y demeura inébranlable jusqu’au moment où, après avoir considéré d’un œil calme la situation désespérée de sa malheureuse patrie, il jugea qu’il serait plus honorable pour lui de devenir l’ami de Narsès que l’esclave des Francs. Après la mort de Teias, le général romain divisa ses troupes, afin de réduire les villes de l’Italie. Lucques soutint un siége long et vigoureux. Telle fut l’humanité ou la sagesse de Narsès, que la perfidie souvent réitérée des habitans ne put le déterminer à punir de mort leurs otages ; il les renvoya sans leur faire aucun mal, et leur zèle reconnaissant triompha à la fin de l’opiniâtreté de leurs compatriotes[1].

Invasion de l’Italie par les Francs et les Allemands. A. D. 553. Août.

Lucques se défendait encore lorsque l’Italie fut inondée d’un nouveau déluge de Barbares. Théodebald, prince jeune et faible, petit-fils de Clovis, régnait sur les peuples de l’Austrasie ou sur les Francs orientaux. Ses tuteurs avaient écouté avec froideur et avec répugnance les magnifiques promesses des ambassadeurs des Goths ; mais la valeur d’un peuple guerrier entraîna les timides conseils de la cour. Deux frères, Lothaire et Buccelin[2], ducs des

  1. Il est assez difficile de concilier le trente-cinquième chapitre du quatrième livre de Procope sur la guerre des Goths, et le premier livre de l’histoire d’Agathias. Jusqu’ici nous avons suivi un homme d’état et un soldat : son ouvrage ne va pas plus loin, et nous sommes réduits à suivre un poète et un rhéteur, l. I, p. 11 ; l. II, p. 51, édition du Louvre.
  2. On trouve au nombre des exploits fabuleux attribués