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portion de leurs richesses. Il y en eut toutefois mille d’entre eux qui, refusant également de se soumettre à l’exil ou au serment de fidélité, s’éloignèrent avant la signature du traité, et firent courageusement leur retraite vers les murs de Pavie. Aligern, par son caractère et par sa situation, était plus disposé à imiter son frère qu’à le pleurer. Adroit et vigoureux archer ; il perçait d’un seul coup l’armure et la poitrine de son antagoniste, et habile dans l’art de la guerre, il sut défendre Cumes plus d’une année contre les forces des Romains[1]. Ceux-ci étaient parvenus, en élargissant l’antre de la Sibylle[2], à en faire une mine d’une étendue prodigieuse ; les poutres placées d’abord pour soutenir le terrain, furent consumées par les matériaux combustibles qu’ils y introduisirent : le mur et la porte de Cumes tombèrent dans cette caverne qui se trouva former alors un précipice où l’on ne pouvait pénétrer. Aligern, abandonné sur

  1. Je laisse Scaliger (Animadvers. in Euseb., p. 69) et Saumaise (Exercitat. Plinian., p. 51, 52) se quereller sur l’origine de Cumes, la plus ancienne des colonies grecques en Italie (Strabon, l. V, p. 372, Velleius Paterculus, l. I, c. 4), qui était déjà presque déserte au temps de Juvénal (Satir. III), et qui est aujourd’hui en ruine.
  2. Agathias (l. I, c. 21) place l’antre de la Sibylle sous les murs de Cumes. Il est en cela d’accord avec Servius (ad l. VI, Æneid.) ; et je ne sais pas pourquoi Heyne (t. II, p. 650, 651), l’excellent éditeur de Virgile, rejette leur opinion. In urbe mediâ secreta religio ! Mais Cumes n’était pas encore bâtie, et les vers de Virgile (l. VI, 96, 97) sont ridicules, si Énée se trouvait alors dans une ville grecque.