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une seconde révolution ; apercevant ou soupçonnant les progrès rapides de l’esprit de trahison, il résolut de commettre le royaume des Goths au hasard d’une seule journée, durant laquelle l’excès du danger animerait les soldats valeureux, et contiendrait les malintentionnés par leur ignorance réciproque. De Ravenne, le général romain continua sa marche ; il châtia en passant la garnison de Rimini ; traversa en ligne droite les collines de l’Urbin, et reprit la voie Flaminienne, neuf milles au-delà du roc percé à jour de Terni, obstacle de la nature et de l’art, qui pouvait arrêter ou retarder sa marche[1]. Les Goths se trouvaient rassemblés aux environs de Rome ; ils vinrent sans différer à la rencontre d’un ennemi supérieur en nombre ; et les deux armées s’approchèrent à la distance de cent stades l’une de l’autre,

  1. Voici l’étendue de la voie Flaminienne, telle que M. d’Anville (Anal. de Vital., p. 147-162) l’a fixée d’après les Itinéraires et les meilleures Cartes modernes : de Rome à Narni, cinquante-un milles romains ; à Terni, cinquante-sept ; à Spolette, soixante-quinze ; à Foligno, quatre-vingt-huit ; à Nocera, cent trois ; à Cagli, cent quarante-deux ; à Intercisa, cent cinquante sept ; à Fossombrone, cent soixante ; à Fano, cent soixante-seize ; à Pesaro, cent quatre-vingt-quatre ; à Rimini, deux cent huit : ce qui compose en tout environ cent quatre-vingt-neuf milles d’Angleterre. M. d’Anville ne parle point de la mort de Totila ; mais Wesseling (Itinér., p. 614), au lieu du champ de Taginas, indique un lieu auquel il donne la dénomination inconnue de Ptanias, à huit milles de Nocera.